Gouter aux joies de la traction

Bonjour à tous,
Aujourd’hui nous allons un peu sortir du monde du cerf-volant dit “pilotable” et faire une petite excursion du coté du monde de la traction. Nous avons donc demandé à notre ami Renaud Kite pilote expérimenté de plus de 25 ans en traction, qu’il nous explique et qu’il nous donne tous les bons conseils pour un débutant ou pour une personne souhaitant se mettre à la traction. Les erreurs à ne pas faire et les bons choix à faire. Nous vous souhaitons bonne lecture et nous remercions Renaud Kite pour son partage de savoir.

L’équipe d’Addict Kit le Mag.

 

Préparation:

S’initier aux plaisirs de la puissance brute du vent est abordable par tous les publics. Dans cette présentation  je vais m’adresser aux adolescents et adultes, je mettrai un petit complément concernant les enfants en fin d’article.

Tout d’abord parlons du pilote :

L’initiation est liée aux notions de découvertes et de plaisirs, c’est un acte volontaire. Si vous êtes fatigué, stressé ou angoissé par les conditions, choisissez un autre moment (ou un autre spot).

Pas besoin d’une condition physique de bodybuilder pour pratiquer.  Il est évident que ça va tirer fort et éventuellement secouer un peu, alors attention à toutes les fragilités : musculaires, articulaires et tendineuses. Les zones les plus exposées sont la colonne vertébrale, les chevilles et les poignets.

Pour un premier test, l’équipement minimum est constitué d’une bonne paire de chaussures et de vêtements costauds. Le look tong, short et tee-shirt est déconseillé. Suivant les conditions de vents et de terrain l’utilisation d’une paire de gants ou de mitaines style VTT ou sports nautiques et d’un casque léger ne sont pas superflus. Une bonne gamelle est vite arrivée. La présence d’un ou de plusieurs assistants est recommandée, c’est plus fun (on rigole bien), c’est utile (remise en place, démêlage) et c’est sécurisant. La meilleure solution étant d’avoir près de soi un pilote confirmé; on fait moins d’erreurs, on progresse plus vite. Comme pour toute découverte, la présence d’un moniteur, ça aide. L’expérience m’a toute fois montré que laisser un débutant galérer a un certain intérêt. Après une heure de déboires il est bien plus attentif aux conseils !

Le terrain d’évolution :

Une zone vaste, dégagée et plate convient parfaitement. Une plage, une prairie, un parc, quelques terrains de foot font l’affaire. Evitez les terrains trop petits, le public, les cailloux et le bitume.

Le vent :

Un vent de 7 à 15 nœuds régulier est une bonne option. S’il est plus faible, ça devient technique et donc pas adapté à une initiation; s’il est plus fort, ça devient sport voire dangereux. Comme pour toutes les activités liées au vent consultez la météo.

Avant d’attaquer le chapitre du matériel un petit complément sur les enfants :

-Les enfants voient faire les adultes… et ils veulent faire pareil.

-Ils sont souvent bien plus légers.

-Ils n’ont souvent pas conscience du danger

-Ils n’appréhendent pas toujours bien les distances, les vitesses, les puissances.

-Pour initier un enfant soyez vous-même déjà initié.

-Adaptez le matériel à son gabarit.

-Ne vous consacrez qu’à son initiation, ne jouez pas près de lui.

-Surveillez-le.

J’ai vu des enfants se faire très peur, se faire mal aussi un peu et se dégouter pour quelques secondes d’inattention.

S’il est attentif  et intéressé il progressera bien plus vite que vous…

Le matériel:

Les cerfs-volants de traction, vaste sujet….

Un simple cerf-volant 2 lignes, s’il a une structure adaptée aux vents forts peut devenir  un cerf-volant de traction (certains sont même conçus pour ça), le problème pour une initiation c’est qu’il nécessite un vent fort, qu’il est donc très rapide et ça structure le rend dangereux. C’est alors un mobile rigide propulsé à grande vitesse. Pour cette raison ils sont destinés aux pilotes confirmés.

Pour s’initier, différents types d’ailes souples (c’est-à-dire sans structure rigide) sont disponibles.

Je passe rapidement sur les petites ailes 2 lignes d’1 ou 2 m² qui, pour moi, restent des jouets de plage. Pas de traction, aucune gestion possible (si ce n’est la trajectoire gauche-droite).

 

Viennent ensuite les ailes 4 lignes dites d’initiation.

Jusqu’à il y a encore peu de temps toutes ces ailes étaient pilotables avec des poignées indépendantes. Depuis quelques années apparaissent des ailes d’initiation pilotables sur barres. Chaque système a ses avantages et ses inconvénients sur lesquels je reviendrai plus tard.

Revenons aux ailes 4 lignes pilotables avec des poignées.

2 options s’offrent au débutant : les ailes monopeau type Nasa et les ailes à caissons. Encore une fois il y a des avantages et des inconvénients.

Les Nasas sont peu chères et très résistantes, elles peuvent être maltraitées, salies, mouillées, déchirées, elles restent faciles à remettre en état de vol. Au titre des inconvénients, elles sont peu performantes (vitesse, cap, plage de vent), restent très «camion» et peuvent s’avérer pointues à piloter dans les manœuvres pour un débutant.

Les ailes à caissons ouverts sur poignées restent les plus polyvalentes pour une bonne découverte de la traction. Leur prix est abordable, elles permettent un bon apprentissage de la gestion de la puissance et du positionnement dans la fenêtre de vent. Elles sont un peu plus fragiles que les Nasas (mais restent quand même résistantes de par leur conception), elles nécessitent un peu plus de soin (elles n’aiment pas l’eau et leur réparation est moins simple). En usage normal elles durent des années.

Pour une découverte simple et sans danger une surface de 3 à 5m² en fonction du pilote et du vent rencontré est une taille standard.

Toutes les grandes marques proposent un ou plusieurs modèles d’ailes débutants.   Les prix sont souvent très proches et les performances identiques.

Comme le budget est un facteur important, je propose souvent aux débutants l’achat en occasion. Une première aile va subir pas mal d’outrages, on n’est pas sur d’accrocher et de persévérer… et quand on passe son permis on achète rarement une voiture neuve.

Le cas un peu particulier des ailes sur barres communément appelées Bordé/choqué (B/C) :

De plus en plus on s’achemine vers un passage des poignées à la barre pour tous type d’ailes. Les ailes sur barres ont de nombreux avantages :

-Une grande plage de vent qui couvre celle de 3 voire 4 ailes à poignées.

-Une simplicité et un confort de pilotage, la sécurité du dé-power.

-L’usage multi surfaces (eau, terre, neige) pour les modèles à caisson fermés.

 Au titre des inconvénients :

-Le prix du neuf bien supérieur à celui d’une aile à poignées (qui est à relativiser s’il faut 3 ou 4 ailes à poignées pour une même plage de vent).

 Mais pour un premier achat, il faut être bien sur d’en avoir l’usage.

-L’utilisation obligatoire d’un harnais

-La nécessité parfois d’avoir l’aide d’un helper à l’atterrissage.

S’il est possible de monter une aile à poignées sur une barre, cette aile ne devient pas un B/C. En effet, le bridage d’une aile à poignées est fixe, on dit que l’incidence est fixe (l’angle d’attaque de l’aile dans l’air ne varie pas). Les points d’attaches A, B et C sur l’aile ont une longueur définie et sont reliés par les lignes avant à la partie haute des poignées. On ne peut agir que sur les D (les points d’attache sur le bord de fuite) qui sont reliés à la partie basse des poignées. Dans le cas d’un vrai B/C seuls les A (points d’attaches sur le bord d’attaque) ont une longueur fixe. Les B, C et D reliés entre-eux par des poulies varient en longueur quand on tire sur la barre, l’aile est à incidence variable.

Je rajouterai qu’avec l’aide d’une personne compétente il est tout à fait possible de débuter avec tous types d’ailes qu’elles soient à poignées ou sur barre, monopeau, à caissons (ouverts ou fermés) ou à boudin. Pour une découverte sans moniteur  je recommande les caissons ouverts sur poignées.

Les réglages:

Les ailes neuves de tous types sont normalement livrées réglées. On ne doit pas avoir à toucher au bridage. Les lignes utilisées doivent être toutes de même longueur. Seule variable possible, la résistance entre les avants et les arrières. Une résistance de 100 kg pour une longueur de 20 m sont des valeurs normales.

Concernant les ailes 4 lignes à caissons ouverts, le réglage précis s’effectue au niveau des poignées. Une échelle à nœuds sur un bout partant des extrémités des poignées permet un réglage optimisé. Ce réglage a un rôle important dans la maitrise de l’aile.

L’usage de «kite killer» (des bracelets reliés aux freins) permet en lâchant les poignées de stopper toute puissance et évite que l’aile ne parte au vent.

Première fois:

Vous avez trouvé votre terrain de jeu, vous avez une aile correctement réglée, le vent souffle gentiment, toutes les conditions sont réunies pour un premier vol !

Vent dans le dos, placez-vous à 50-70 m de tout obstacle. Posez vos affaires (sac, poignées, piquet). Avancez de 25 pas avec votre aile. Dépliez la, bord de fuite à vos pieds. Connectez les lignes aux points d’attaches. Déroulez les lignes en revenant aux poignées. Assurez-vous que les lignes sont «claires», pas de tours, pas de croisements. Connectez les lignes aux poignées, les avants en haut, les arrières en bas. Cette fois vous êtes prêts.  Prenez les poignées en main, pas besoin de lever les mains au ciel ou d’écarter les bras. Tendez les bras, reculez d’un pas. Maintenez vos mains sur les poignées au plus près des lignes avant. Mains en haut des poignées.  Les lignes se tendent, l’aile se redresse, les caissons se gonflent. Là vous y êtes ! C’est la première bouffée d’adrénaline ! Il suffit maintenant de reculer d’un ou deux pas en ramenant les mains près du corps. L’aile se gonfle entièrement et s’élève dans le ciel.

Les lignes arrières doivent rester lâches, si elles sont trop tendues l’aile ne décolle pas (ou redescend en marche arrière si elle s’est un peu élevée). Pendant que l’aile rejoint le zénith, on ressent la première sensation de traction.

En ramenant une main plus que l’autre on fait aller l’aile de gauche à droite. Agissez rapidement pour ne pas aller trop loin sur les bords de la fenêtre de vent.

Aux extrémités gauche et droite (comme au zénith) l’aile perd sa vitesse et sa traction.

Le mieux est de toujours maintenir l’aile en mouvement en restant dans la zone de traction (devant vous à mi-hauteur).

Si l’aile perd sa traction ramenez la devant vous (en faisant quelques pas en arrière si nécessaire).

Si la traction est forte vous pouvez avancer.

En cas de panique (grosse traction), 3 options possibles :

– courir en avant.

– tirer sur les freins en ramenant le bas des poignées vers le corps.

– lâcher les poignées.

S’il y a de l’air la première sortie s’accompagne souvent de quelques frayeurs parfois de bonnes gamelles mais rarement d’accidents. Surement aussi de bons souvenirs et quelques courbatures.

Au fur et à mesure de votre progression vous apprendrez à gérer les freins pour placer votre aile, pour anticiper un virage, pour maitriser la puissance.

Je dis souvent qu’en mode piéton on exploite que 30% des capacités d’une aile, les 70% restant on les découvre en se déplaçant…doucement, à bonne vitesse ou à fond la caisse.

Rapidement l’usage d’un engin mobile se fera sentir. Des rollers, un skateboard, un char, une planche, des skis… tout engin glissant ou roulant est utilisable, sur l’eau, la terre, la neige ou la glace. On prend de l’assurance, on repousse ses limites. L’adrénaline, la vitesse, le danger sont grisants. Pensez à votre sécurité et à celle des autres.

La traction reste une pratique sportive abordable, mais comme on le dit souvent, en cas d’erreur la sanction est immédiate.

Petit aparté sur le jump:

Souvent le rêve du débutant est de voler soulever par l’aile. Malheureusement cette technique demande de la maitrise et donc quelques heures de vol, bien connaitre son matériel et bien appréhender les conditions météo.

Le jump est la pratique qui occasionne le plus de blessures, de la simple écorchure aux plus méchants déchirements de tendons. Souvent la première gamelle un peu sérieuse calme les ardeurs et nous fait comprendre que le vent peut facilement être le plus fort.

Comme dirait l’autre : sortez couverts et faites-vous plaisir.

Renaud Kite pour Addict Kite leMag 😉

 

Damien

Bonjour à tous. Certains me connaissent peu finalement, toujours passionné par le cerf-volant, je vole libre comme l’air et je partage ma passion avec vous. Un vrai bonheur de faire vivre Addict Kite le Mag avec Benbboy et les autres. J’en profite pour remercier tous les acteurs qui m’ont aidé à faire ce que Addict Kite est devenu. Vraiment merci. Je vous retrouverai sûrement sur les terrains de NDDM, Chatelaillon, Penvins et pourquoi pas d’autres. Addict Kite est une aventure humaine extraordinaire. Je ne pensais pas que le petit blog dépasserait les frontières aujourd’hui. Si vous passez par mon champ de patates, n’hésitez pas surtout. Comme je le dis souvent en MP “bon vol à tous”.

%d blogueurs aiment cette page :